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NBA Paris Games, Wemby, JO, Kobe… Entretien exceptionnel avec la légende Jalen Rose

Légende des Pacers d’Indiana reconvertie en analyste réputé et reconnu, Jalen Rose était l’invité du podcast Basket Time sur RMC. Présent dans la capitale à l’occasion des NBA Paris Games, l’Américain est notamment revenu sur le phénomène Wembanyama, le basket actuel ou encore ses affrontements avec Kobe Bryant ou Michael Jordan, rien que ça. L’entretien complet est à retrouver sur RMC Sport.

RMC SPORT. On va démarrer avec les deux NBA Paris Games. Il y a eu deux matchs très différents puisque les Spurs ont gagné le premier de 30 (140-110), les Pacers le deuxième de 30 à peu près (136-98). Quel est votre regard sur ces deux premiers matchs ?

JALEN ROSE. Déjà, je tiens à féliciter Paris d’avoir accueilli la NBA, nous sommes vraiment heureux d’être ici et de continuer à développer la NBA et la fanbase NBA. Et puis il y a un joueur comme Victor Wembanyama, une licorne encore jamais vue, un gars de 2m23 avec une envergure de 2m43 qui peut dribbler, tirer, traverser la moitié du terrain et réussir des tirs à trois points sans effort. Il suffit de le voir jouer avec les Spurs et le futur Hall of Famer Chris Paul contre les Pacers de Tyrese Haliburton et Pascal Siakam pour s’en rendre compte.

C’était l’histoire de deux matchs. Dans le premier, les Spurs ont accéléré dans le troisième quart-temps, ils ont dominé et ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. Ils ont essayé de reproduire exactement la même chose dans le second, mais les Pacers les ont contredits avec leurs tirs à trois points. Ils en plantaient les yeux bandés, certains sont même rentrés après avoir tapé la planche! C’étaient deux bons matchs. Pas des matchs serrés, mais des matchs passionnants.

Épisode 218 : NBA Paris Games, Wemby, Jeux Olympiques, Kobe… Entretien exceptionnel avec la légende Jalen Rose ! (version originale)

Meilleur joueur de la ligue et première bague, Wemby bientôt au sommet

Tous les yeux étaient évidemment rivés sur Victor Wembanyama, qui était de retour en France, qui jouait devant sa famille. Est-ce que ça vous surprend encore qu’un jeune de 21 ans arrive à endurer une telle pression comme il le fait?

Je suis très impressionné par sa maturité. J’ai eu l’occasion de rencontrer son père, de lui parler du développement de Victor. Son équipe et sa famille ont fait un excellent travail pour le préparer à la NBA pendant qu’il était au lycée. Je me souviens avoir regardé l’une des vidéos où ils l’étiraient et ils étiraient ses orteils! Parce qu’ils voulaient s’assurer qu’au fur et à mesure que ses pieds grandiraient, que son corps grandirait et qu’il deviendrait plus lourd, ses pieds seraient capables de résister aux chocs qu’il allait subir en courant et en sautant. J’ai le sentiment qu’il a fait, avec son équipe, un travail formidable pour être prêt à ce stade.

Moi je suis né à Detroit et je suis fan des Pistons. Et bien sûr, je voulais qu’il devienne numéro un et qu’il soit drafté par Detroit. Mais ça ne s’est pas fait, il a atterri chez les Spurs, qui ont une histoire avec Tony Parker, et… je souhaite un bon rétablissement au coach Pop, mais juste le fait d’avoir Pop dans cette situation, je pense que ça va permettre à Victor de réussir.

À propos de Victor, les attentes en France sont très élevées. Nous, Jalen, on se demande dans combien de temps Victor sera le meilleur joueur de la ligue. Tony Parker a dit deux ou trois dans l’émission Stephen Brunch, qu’en pensez-vous? Dans combien de temps?

Quatre ou cinq saisons, ce ne sera pas très long. Il a 21 ans, je dirais donc 25 ans. Wow, ça paraît fou de dire ça, mais c’est vrai. Son physique va continuer à s’améliorer, comme nous l’avons vu avec Giannis Antetokounmpo. Je me souviens de l’avoir vu être drafté, il était maigre, très maigre. Il était comme Victor. Et il a changé de gabarit. C’est ce qui va se passer avec Victor. Mais la différence entre ces deux joueurs, c’est que Victor est un bien meilleur tireur. J’ai regardé Victor jouer, il joue comme s’il mesurait 2m00.

Sérieusement, si vous regardez ses compétences, le dribble, la passe, le tir, le jeu dans le périmètre, son jeu face au panier… Quand il se rendra compte qu’il mesure 2m23, quand il changera de gabarit comme l’a fait Giannis et qu’il décidera de se dire: “Je vais dunker à chaque fois, je vais faire des transitions, courir jusqu’au cercle et ils vont me lancer la balle”. Quand il décidera de faire ça, quand il sera un peu plus fort, ce sera fini pour le reste de la ligue. Je dirais donc qu’il lui faudra encore quatre saisons.

En France, on est très pressé! On a envie de voir Victor performer et gagner des bagues! Il y a beaucoup de légendes en NBA qui n’ont pas de bague. Mais si Victor n’en a pas à la fin de sa carrière, on serait très déçus. Ça dépend de lui mais pas que. Est-ce que vous pensez que les Spurs peuvent construire autour de lui pour lui offrir une bague?

J’ai l’impression que le fait d’avoir été drafté par les Spurs a été une bonne chose pour lui, parce qu’ils ont montré qu’ils pouvaient créer une infrastructure, un ADN de champion autour des big men. On l’a vu avec David Robinson et Tim Duncan et ça s’est développé avec Tony Parker, Manu Ginobili et Kawhi Leonard. Alors oui, je pense qu’au fur et à mesure qu’il va devenir l’un des, puis le meilleur joueur, c’est à ce moment-là qu’il faudra mettre tous les jetons au milieu de la table et acquérir les joueurs nécessaires pour construire autour de lui parce qu’on voit quelles sont ses forces et ses faiblesses à ce stade de son jeu. Mais oui, Victor obtiendra au moins une bague. Ne vous inquiétez pas pour ça. Il obtiendra au moins une bague.

Après les Jeux Olympiques, Team USA est-elle en danger?

On va passer à une rivalité: France contre Etats-Unis. Il y avait les Jeux olympiques cet été, vous avez dû amener les Avengers pour nous battre chez nous avec Kevin Durant, Stephen Curry et LeBron James. En 2028, ce sera chez vous, il n’y aura plus les Avengers. Pensez-vous que vous êtes en danger?

Lorsque la Dream Team s’est produite au début des années 90, c’étaient eux les Avengers. Quand on peut constituer une équipe avec Michael Jordan, Larry Bird et Magic Johnson en même temps, c’est tout simplement incroyable. Et cet essor a créé de l’enthousiasme pour le basket dans le monde entier. Mais au début des années 90, en particulier, lorsque j’ai été drafté, si vous regardez les deux premiers tours de la draft, il s’agissait à 100 % de joueurs nés aux États-Unis. Maintenant, si on regarde la draft, on constate que les joueurs qui ne sont pas originaires des États-Unis sont plus nombreux à être sélectionnés. Quand vous commencez à regarder certains des meilleurs joueurs du monde ou les jeunes prospects qui sont arrivés récemment dans la ligue – Joel Embiid, Shai Gilgeous-Alexander, Gianni, mais il y a aussi le Joker, Nikola Jokic, qui pourrait remporter son quatrième titre de MVP et qui vient de remporter un championnat – il y a de plus en plus de joueurs internationaux.

Et cette année, aux Jeux olympiques, nous avons eu de la chance d’avoir Steph Curry. C’est tout. Si on n’a pas Steph Curry, on ne gagne pas. Point final. Parce qu’il peut mettre des tirs les yeux bandés. Et c’est ce qui s’est passé dans ce match. Alors en 2028, à Los Angeles, on doit se préparer. On a du travail à faire, sinon nous risquons d’avoir des problèmes à Los Angeles.

Jalen, un mot de la finale de Steph Curry. Tout le monde connaît sa carrière, sa magie. Êtes-vous encore surpris?

Ce que j’aime dans le sport, c’est que quelqu’un comme Steph Curry a grandi dans le sport. Son père, Dell, a joué contre lui pendant de nombreuses années et je me souviens de l’avoir vu, alors qu’il n’était qu’un jeune joueur, dans le gymnase avec son père. Il était un tout petit enfant, lorsqu’il tenait le ballon de basket, on avait l’impression que c’était trop lourd pour lui! Et tout d’un coup, il est devenu l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, le meilleur shooteur de tous les temps. Je pense que ce qui est sous-estimé dans le jeu de Steph, et je veux que tous les jeunes prospects du basket l’entendent, c’est son handle. Son maniement du ballon est très sous-estimé parce que ses tirs sont si distinctifs que les gens sous-estiment le fait qu’il est l’un des meilleurs manieurs de ballon de tous les temps. Et pendant qu’on s’émerveille de ses tirs à trois points, il est aussi un excellent finisseur dans la peinture. Steph saute du pied droit, du pied gauche, il tire de la main gauche, de la main droite, il met des floaters, des layups… Et puis c’est un type qui incarne l’éthique du travail, c’est un joueur pour qui les fans arrivent au match deux heures à l’avance pour venir le voir s’échauffer. Normalement, les joueurs réservent ce qu’ils veulent faire, cette énergie, jusqu’au début du match. Lui, il s’entraîne avant le match pour savoir ce qu’il va faire une fois que le match aura commencé, ce qui est unique. Et c’est très agréable à regarder.

Mais ce qui est beau dans le sport, c’est que même si Steph se débrouille très bien et qu’il est très productif, les Warriors ne sont pas prétendants au titre. Et maintenant, il va être intéressant de voir comment ils vont s’y prendre. Ils ne transfèreront jamais Steph. Mais la chose la plus importante qu’ils ont montrée au public, c’est qu’ils ont séparé les Splash Brothers. Ils ont séparé les Splash Brothers! Klay Thompson est maintenant à Dallas. Et ça montre qu’ils commencent lentement à démanteler cette équipe lorsqu’ils se rendent compte qu’elle n’est plus compétitive, même si Steph est toujours un joueur productif.

Moins intense, moins agressif, moins facile d’accès… analyse du basket actuel

Parlons de la façon dont on joue en NBA aujourd’hui. Jalen, à votre époque, c’était beaucoup plus physique. Le regrettez-vous? Comment est-ce que vous voyez et vous analysez le basket d’aujourd’hui?

Je crois que le sujet a été abordé cette année à propos de l’audience de la NBA et du fait que les gens ne regardent probablement plus le basket comme ils le faisaient auparavant et pourquoi? C’est plus difficile à trouver maintenant. C’est la première chose. Avant, si vous vouliez regarder un match de la NBA, vous preniez la télécommande, vous mettiez la chaîne, et boum, il y avait le match. Maintenant, quand vous voulez regarder un match, vous devez télécharger l’application, regarder en streaming, mettre votre nom, mettre votre carte de crédit. Et ça freine ceux qui veulent regarder. L’expansion du streaming rend le basket plus difficile à regarder et à trouver.

La deuxième chose, c’est le low-management. Si vous allez à un concert, si vous allez à un spectacle et que la personne est une tête d’affiche, vous savez qu’elle va performer et ça ne vous dérange pas d’acheter un billet. En NBA, on ne sait plus qui va jouer chaque soir. C’est pour ça que les gens se disent qu’ils ne vont pas réorganiser toute leur vie pour aller voir un match et payer des centaines de dollars pour se garer, acheter les billets, du pop-corn et tout le reste… Et puis au final, j’arrive au match et le joueur que mon enfant aime le plus et dont il porte le maillot n’est même pas en tenue…

Mais la NBA essaie de résoudre ce problème, non? Ils mettent des amendes si, à la télévision nationale, la superstar ne joue pas, ils essaient d’y remédier. Ils en sont conscients, non?

On ne peut pas revenir en arrière. Les joueurs se sont rendu compte qu’ils étaient jugés par les statistiques. Et ces stats leur font se dire: “Tiens, je suis payé la même somme d’argent que je joue 65 ou 82 matchs? Je peux m’économiser? Je peux jouer 19 ans contre 13 ans? Je peux allonger ma carrière?” Les équipes ne s’entraînent plus autant. Les joueurs ne sont plus fiers de jouer 82 matches et je pense que c’est l’un des plus grands changements. Lorsque je parle à un type comme Oscar Robertson qui est une immense légende all-time, c’est l’une des choses qui déçoivent les anciens joueurs dans la façon dont les joueurs actuels abordent le jeu.

Mais tu as aussi dit que, dans les années 90, c’était plus dur, plus rugueux. Contre les Knicks, quand tu drivais Charles Oakley et que tu allais au panier, tu pouvais le faire une fois et la fois d’après, Anthony Mason te cassait le nez. Mais dans les années 90, le tir à trois points n’était pas aussi conséquent qu’il l’est maintenant. Il y avait beaucoup de monde dans la peinture, maintenant le spacing est primordial parce que tout le monde tire à trois points. C’est peut-être pour ça que c’était plus dur quand tu allais dans la raquette, maintenant il n’y a plus personne!

Oui, parce que les joueurs ne sont plus vraiment fiers d’être physiques et ne sont plus non plus fiers de jouer toutes les phases du jeu. Ce qui s’est passé dans le basket, c’est que les gars ne veulent plus à attaquer le cercle. Et c’est ce qui fait que le jeu est différent. La raison pour laquelle le jeu n’est pas aussi physique, c’est à cause des règles. Il n’y a pas de vérification. Il n’est pas possible de bumper un joueur. Chaque fois que vous respirez sur quelqu’un, c’est une faute. Et puis maintenant, vous pouvez vraiment marcher. Oui, marcher vraiment, vous savez comment ils appellent ça? Ils appellent ça un eurostep.

Mais oui, le jeu était différent. Les joueurs ne se contentaient pas de lancer aveuglément des tirs à trois points. J’ai joué avec Reggie Miller. L’un des meilleurs tireurs à trois points de tous les temps. Et je me suis dit, je vais aller voir combien de fois Reggie a pris plus de 10 ou 15 tirs à trois points dans un match. Cela ne s’est probablement produit qu’une ou deux fois. Mais s’il jouait aujourd’hui, 15-20 tirs à trois points, ce serait sa moyenne. C’est ce qui rend le jeu différent.

Et puis ce qui enlève le côté physique, c’est que, puisque nous allons prendre des tirs, un gars de 2m00 qui jouait meneur ou ailier à l’université, va maintenant jouer ailier fort en NBA. Donc maintenant, vous avez des joueurs plus petits. Vous pouvez donc avoir plus de volume de tir à trois points. Et ça élimine la physicalité, les post-ups, la bataille aux rebonds. Tout ça disparaît. Des joueurs comme Anthony Mason, que vous avez mentionné, ou Charles Oakley, en théorie, n’ont plus leur place dans le jeu d’aujourd’hui.

Jalen, qui est votre MVP de la saison?

En ce moment j’ai l’impression que Shai Gilgeous-Alexander va le gagner. La façon dont Oklahoma City et Sam Presti ont construit cette équipe par le biais de la draft est incroyable. Quand on regarde dans le rétroviseur, avec tous les grands joueurs qu’OKC a eus ces dix dernières années. Ils ont atteint la finale. Ils avaient Kevin Durant, James Harden et Russell Westbrook. Tous ces joueurs ont remporté le titre de MVP de l’année à un moment ou à un autre de leur carrière. Ensuite, ils ont décomposé et remixé tout ça. Ils ont eu Paul George à un moment donné. Ils ont eu Sabonis à un moment donné. Ils ont eu Chris Paul à une période où ils essayaient encore de comprendre ce qu’ils allaient faire avec leur équipe. Mais la meilleure chose qu’ils ont faite, c’est d’acquérir SGA.

Je crois que Shai va gagner parce que c’est la meilleure équipe de la Conférence Ouest. Il frôle les 30 points par match. Et puis il y aura aussi un facteur de fatigue avec Nikola Jokic, parce qu’il l’a déjà gagné trois fois d’affilée. Je pense donc que si son équipe n’est pas dans les deux ou trois premiers, même si ses chiffres sont aussi bons, voire meilleurs que les années où il a gagné, je pense qu’en raison de la lassitude des votants et parce que SGA a été formidable et qu’OKC a le meilleur bilan de la Conférence Ouest, c’est lui qui remportera le titre de MVP cette année.

“Si j’étais lui, je foncerais dans tout le monde et je dunkerais tout le temps”

Il y a un joueur français qui est confronté à beaucoup de critiques, c’est Rudy Gobert. Est-ce juste, selon vous?

Non, je pense que les calomnies dont Rudy Gobert fait l’objet sont injustes. Mais ce qui importe en fin de compte, c’est qui est à l’origine de ça. Si Shaq décide que Rudy Gobert, pour quelque raison que ce soit, est dans sa ligne de mire, peu importe ce que Rudy fait, car il n’aura pas de grandes performances offensives. Pour les fans, on aura l’impression qu’il n’est pas très productif parce qu’il a une moyenne de 10 points. Parce qu’il n’est pas le genre de joueur comme Shaq qui peut aller sur le terrain, être dominant offensivement et avoir une moyenne de 30 points. Mais ce que Rudy Gobert apporte au jeu est tout à fait unique. Et on a toujours besoin de joueurs comme lui dans son équipe. Il protège le cercle, il apporte de la taille, il a une bonne attitude, il est physique, il pose d’excellents écrans. Dans le jeu d’aujourd’hui, il se perd pour une raison : il ne punit pas les joueurs plus petits. Alors oui, vous pouvez changer sur lui. Et s’il n’est pas face au cercle… Il ne peut pas marquer. Si j’étais lui, je foncerais dans tout le monde et je dunkerais tout le temps. Et si vous ne m’aimez pas. Et alors?

C’est le conseil que je lui donnerais. Si j’étais son pote, qu’on rentrait du match en voiture et qu’il me dirait: “Qu’est-ce que tu en penses, Jalen, qu’est-ce que je devrais faire?” Je dirais qu’il faut adopter cette attitude qui consiste à envoyer tout le monde se faire foutre, et à dunker sur tout le monde. Ne pas s’excuser. Pour moi, c’est le genre de joueur qui semble toujours vouloir être dominant défensivement parce qu’il a gagné le titre de joueur défensif de l’année quatre fois, mais qui n’a pas nécessairement la même force offensive. Et c’est là qu’interviennent les critiques.

Pas de titre de champion… Un regret pour Jalen Rose?

On va terminer en parlant de votre carrière. Il y a ces finales de conférence face à Jordan et la finale NBA face à Kobe, en 2000. Avez-vous des regrets? Pensez-vous que ces deux gars vous ont empêché d’être champion?

Oui, littéralement. Ce qui est fou, c’est qu’en jouant dans les années 90 et 2000, j’ai regardé en arrière et je me suis demandé qui étaient les gens qui gagnaient le championnat chaque année quand j’étais dans la ligue. Et je me suis dit: Hakeem Olajuwon. Quand je suis arrivé dans la ligue, il a gagné deux fois de suite. Puis Michael Jordan a gagné trois fois de suite. Puis Tim Duncan est arrivé. Il a fini par en gagner cinq. Puis Shaq et Kobe ont gagné trois fois de suite. Comme s’il n’y avait pas de place pour quelqu’un d’autre. Ce sont les meilleurs joueurs de tous les temps. On ne peut pas les battre.

Lorsque j’ai commencé à jouer contre MJ et contre Kobe, le dénominateur commun était Phil Jackson. Phil a remporté trois victoires consécutives avec les Bulls, il est allé à Los Angeles et a de nouveau remporté trois victoires consécutives. C’est ce que les gens sous-estiment. Jouer contre Shaq, jouer contre Kobe, jouer contre MJ, jouer contre Scottie Pippen, ce sont des joueurs emblématiques. Les trois premiers seront toujours mentionnés dans le top 10 de tous les temps. Et Scottie Pippen sera quoi? Top 20, top 25 de tous les temps. Et puis Phil Jackson, je veux dire, j’imagine qu’il a plus de bagues que n’importe qui. C’était l’élite all-time!

Il y a une histoire entre Kobe et toi, il faut la raconter, pour ceux qui ne la connaissent pas. C’est les finales 2000: Indiana v Los Angeles Lakers. Kobe prend un jumper et Jalen, tu viens dans son cylindre mettre ton pied en dessous. Kobe se fait la cheville, une belle entorse. Et tu as dit quelques années plus tard, que tu l’avais fait exprès. Tu t’es dit : “Ok, je lui ai bousillé la cheville, il ne jouera plus”. Et pourtant il est revenu!

Il est revenu! Comme Jason dans le film Vendredi 13. On a été élevés comme ça, par tous les moyens… Je ne peux pas dire à Rudy Gobert d’avoir une attitude qui consiste à envoyer chier tout le monde et puis de ne pas jouer comme ça moi-même, non? Et puis c’était à un moment donné. Personne ne savait vraiment que je l’avais fait exprès. La seule raison pour laquelle les gens savaient, c’était 10 ans plus tard, quand j’étais le premier joueur à avoir un podcast. Et puis après, Kobe a fait son match à 81 points contre moi, je sentais comme si le karma avait frappé. Maintenant je peux raconter l’histoire parce que Kobe et moi – repose en paix Kobe – nous sommes amis.

Nous avons beaucoup travaillé ensemble à UCLA. Une histoire amusante : je me souviens que nous allions au gymnase. Nous avions le même entraîneur. On faisait de l’exercice, peu importe. Et puis on va à Santa Monica et on se repose un peu. On va se faire masser, et on va faire le bain à remous, et on va recommencer encore et encore. On a fait ça pendant presque trois semaines. Et puis un jour j’entends le coach lui glisser : “On se voit plus tard”. Je me dis, qu’est-ce que ça veut dire? En fait, après qu’on soit allés au spa, Kobe est retourné à la salle ! Il s’entraînait deux fois et il ne me l’a pas dit. Il y retournait ! J’ai toujours admiré sa discipline, son éthique de travail et jouer en finale contre lui quand on est un jeune joueur, juste le regarder, ça faisait grandir…

L’un des moments au cours duquel on a senti que Kobe Bryant allait être une superstar, c’est quand Shaq est sorti pour six fautes contre nous à Indiana. Je pense que c’était le quatrième match, on est allé en prolongation, et Kobe prend le match à son compte, il met un shoot énorme, et il met sa main sur le sol, comme s’il mimait qu’on devait se coucher. Beaucoup de joueurs, comme LeBron James, ont continué à faire ce geste parce qu’ils ont vu Kobe le faire. Mais ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est qu’il ne nous faisait pas ça à nous. Il le faisait à sa propre équipe, parce qu’ils lui criaient: “Passe la balle, bouge la balle, passe la balle!” Et je me dis dans ma tête: “Je ne sais pas de quoi ils parlent, laissez-le”. Parce que pour moi, Kobe était la meilleure option pour marquer. Donc, quand il a mis ce tir, si vous regardez bien, il regarde son banc et fait ça. Il ne fait même pas ça à son adversaire. Et c’est là qu’on pouvait voir qu’il avait ce qu’il fallait. Saison après saison, il a fini par grandir, grandir et grandir, et il est devenu l’un des meilleurs joueurs que nous ayons jamais vu.

Michael Jordan incontestablement meilleur joueur de tous les temps

Vu que tu as croisé toutes ces légendes de la NBA: laquelle vous a le plus impressionné? Évidemment, on va tous penser à Michael Jordan mais c’est votre avis qui compte! Qui est le meilleur?

Le plus grand joueur de tous les temps, c’est Michael Jordan. Je pourrais vous donner 500 raisons, mais je vais juste vous en donner quelques-unes. La domination extrême dans la NBA, c’est quand vous faites un three-peat (trois titres de suite, ndlr). Il a deux three-peats distincts. C’est une chose de gagner au début des années 90 et d’obtenir son three-peat mais quand vous quittez la ligue pendant quelques années, il perd son père pendant cette période, il y a beaucoup de choses qui se passent dans sa vie. Pour lui, de revenir et gagner trois autres titres, c’est astronomique au point où quand vous commencez à parler des meilleurs joueurs de tous les temps, demandez-vous qui a eu un three-peat. Magic n’en a pas. Bird n’en a pas. Kareem n’en a pas. Bill Russell en a un. Kobe et Shaq en ont un. LeBron n’en a pas. Il en a deux distincts! Et je me souviens aussi d’être sur le terrain et de me demander, combien de fois est-ce que j’ai été sur le terrain et qu’un gars était le meilleur joueur des deux côtés? Et je me souviens: j’ai regardé Hakeem et j’ai ressenti ça. Pareil pour Tim Duncan, Jordan et Kobe à l’époque! Il y a eu une année pour Michael Jordan où il a mené la ligue en points et il était le joueur défensif de l’année. Normalement, ce sont deux personnes différentes.

Donc pour moi, entre les titres de scoring, les championnats, le défenseur de l’année, les games winners, la façon dont il avait 6-0 en finales NBA… Michael Jordan est le plus grand joueur à faire ça! Et aussi je dois rappeler quelque chose aux gens. Michael Jordan jouait au basket avec la langue pendue. Je me souviens de m’être tenu devant lui en pensant que je devrais essayer de lui casser la langue. Je me suis dit: “Frappe-la!” Je me demande quel effet cela aurait sur lui. Il a joué toutes ces années et personne ne l’a jamais frappé dans la bouche quand sa langue était pendue. C’est fou. Si vous voulez tester cette théorie, essayez de marcher dans la rue, essayez de monter sur un tapis roulant, essayez de faire n’importe quoi avec votre langue pendue. Vous allez la mordre. C’était fascinant. C’est le meilleur! C’est pour ça que le chat noir, Michael Air Jeffrey Jordan, continue de vendre plus de pompes que quiconque. Et il n’a pas joué au basketball depuis 25 ans!

“Kobe, je l’ai tenu sous les 100 points!”

Dernière question, avez-vous déjà revu le match où Kobe plante 81 points? Si oui, avez-vous essayé d’analyser la situation ou l’avez-vous juste regardé comme ça?

Je l’ai regardé en tant que fan! Aujourd’hui, les jeunes joueurs célèbrent tout. Ils peuvent avoir quatre points, faire un simple cross et ils vont faire les danseuses, pointer du doigt vers le ciel. Quand ils font ça, toutes les célébrations, tout ça, je me dis: “Combien de points ce gars a-t-il? Seulement six points?” Vous voyez ce que je veux dire? Il y a tout un tas de perfs à six points dans l’histoire du basket et tu célèbres à chaque fois?

Tout ça pour dire que, si vous regardez bien, il n’y a pas de highlights de Kobe Bryant pour ce match. C’est l’un des joueurs les plus athlétiques, doués et rusés de l’histoire du basket. Et la raison pour laquelle je souligne qu’il n’a pas fait de trashtalk et qu’il n’avait pas de highlights, c’est parce que je veux que les joueurs qui veulent tomber amoureux de ce sport comprennent et gardent l’essentiel, seulement l’essentiel. En golf, on dit que vous êtes en compétition contre le parcours. C’est ce que faisait Kobe avec le basket cette nuit-là. Il était en compétition contre le basket. Nous étions inférieurs à lui. Il ne nous a pas vu. Il ne nous a pas entendu. Il ne nous a pas parlé. Il ne nous a même pas reconnus. C’est la beauté de ce match. Et nous le battions de 15 ou 20 points en première période. Il avait donc besoin de ces points parce que nous gagnions le match. Et donc pour moi, ce deuxième meilleur score de l’histoire de la ligue, c’est phénoménal.

Et pendant que nous célébrons Kobe, n’oublions pas qu’il y a un monsieur nommé Wilt Chamberlain qui a marqué cent points dans le jeu. Alors imaginez qu’il manquait à Kobe encore 20% de plus pour atteindre le record. Ma blague, c’est de dire que j’ai tenu Kobe sous les 100 points!

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